Ilario Castagner

Puisqu’il fait parti de la liste et surtout à l’occasion de son 80ème anniversaire aujourd’hui, je me permets de faire un petit focus sur Ilario Castagner (non, il n’y a aucune faute à son nom et je ne parle pas de l’ex-ministre de l’intérieur Cristophe Castaner :grin: ), notre ex-coach de 1982 à 1984 sous la bien sombre présidence Farina.

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Cet ancien attaquant qui aura fait une carrière dans des équipes de seconde zone a fait ses armes de coach en entrainant l’équipe jeune de l’Atalanta alors qu’il était âgé de 30 ans.

Arrivé la saison 1974, il rejoindra l’équipe de Perugia, alors au fond de la Série B et nouvellement repris par l’ambitieux entrepreneur Franco D’Attoma, originaire de la ville et ayant brillamment réussi dans les affaires. Dans cette équipe qu’il fallait totalement structurer et au sein de laquelle son président lui accordait une totale confiance en laissant toute la responsabilité du domaine sportif à lui ainsi qu’au directeur Silvano Ramaccioni qui nous rejoindra aussi en 1982, il aura réalisé l’inimaginable en amenant le Perugia à remonter en 1 an en Série A, s’installer durablement dans la 1ère partie de tableau saisons après saisons jusqu’à cette fameuse saison 1978/1979 où Perugia a échoué à la 2ème place à seulement 3 points du titre après avoir été invincible toute la saison durant.
Cette saison restera marquée par le sceau du « Perugia des miracles » dans les mémoires populaires.
A une époque où le football italien n’évoluait qu’avec le principe du catenaccio, Castagner étudia et importa en premier dans la Botte le football total introduit par l’Ajax de Rinus Michels au début des années 70’, imposant ainsi un défi idéologique faisant de lui un coach très apprécié pour la qualité de son jeu et l’impressionnante réussite que cela apportait en plus en terme de résultats.
A une époque où les clubs italiens évoluaient à 5 en défense, contre attaquaient et blindaient derrière, Castagner opposa une 4-2-3-1 à la sauce italienne prenant plus la forme d’un 1-3-2-3-1 (la défense centrale étant composée d’un libéro, avec une grande vision du jeu et transperçant les lignes, placé derrière un stoppeur). Il lança ainsi le principe d’une défense haute, d’un jeu au sol partant de la défense pour imposer son jeu, dicter les passes et faire la part belle au jeu collectif en mouvement basé sur de nombreux déplacements/combinaisons travaillés à l’entraînement pour offrir un jeu léché pleinement maîtrisé.
Malheureusement, comme dans tout club de province qui ose tutoyer les cieux, l’histoire ne lui aura pas permis de répéter cet exploit à Perugia malgré l’acquisition de l’excellent Paolo Rossi la saison suivante.

Suite à cette épopée à Perugia, après un passage à la Lazio, Farina fera de lui notre coach en 1982 avec pour mission de nous ramener en Serie A au plus vite en cette période sombre. Chose demandée, chose faite, en une saison, le Milan est non seulement devenu champion de Serie B pour sortir au plus vite de l’ornière, mais en plus, le Milan de Castagner a séduit par la qualité de son jeu au point d’emporter l’engouement de tifosi ayant bien souffert jusque là.
La saison suivante en Série A fut intéressante avec une 6ème place à la clé mais Castagner fut licencié en mars 1984 après un match nul à Florence sous le prétexte qu’il négociait pour aller coacher l’Inter.
Castagner pour sa part dément ceci, bien qu’il rejoindra effectivement l’Inter à l’intersaison et exposa surtout que Farina n’avait absolument aucun projet et que le Milan n’allait nulle part avec lui à sa tête (ce qui se vérifiera effectivement). Alors que Castagner avait fait le nécessaire pour recruter Matthaüs alors disponible à Monchengladbach, Farina refusa; alors que John Barnes, attaquant anglais de qualité à Watford, était ciblé par nos recruteurs, Farina recruta par erreur Blissett à la place qui était une calamité; sans compter qu’il a refusé de conserver Serena qui est parti à l’Inter; etc… Autant dire que la direction naviguait en plein amateurisme.

Par la suite, il aura fait 2 ans chez les cousins pour des fortunes diverses avant d’être remplacé par l’illustre Trapattoni. Durant ce passage, il aura eu le mérite de briser la malédiction italienne contre le coach Ernst Happel en éliminant Hambourg de la Coupe de l’UEFA 1985 en 1/8 de finale (comme quoi un exploit dans cette compétition en bois en 1/8ème peut marquer les esprits même 35 ans après, pour être taquin :stuck_out_tongue: ). Ceci reste significatif car en 8 confrontations de clubs italiens ou de l’Italie contre une équipe entrainée par Ernst Happel avant cela, le mythique coach autrichien l’avait toujours emporté en ayant des mots assez humiliants pour ses adversaires à chaque fois, notamment contre le Milan de Nereo Rocco.

En conclusion, nous pouvons souhaiter un bon anniversaire à ce grand innovateur du jeu qui aura bousculé les certitudes du catenaccio et ouvert la voie, en Italie, avec Radice et Liedholm, à la révolution Sacchi. Par la beauté de son jeu et son approche avant-gardisme, il n’aura pas eu un grand palmarès mais il aura marqué positivement les esprits.

Si vous le souhaitez, voici l’interview qu’il a donnée à la GdS à l’occasion de son anniversaire où il fait une rétrospective de sa carrière:

P.S: vu que ça fait parti de la zone abonnés, dites-moi si vous souhaitez que je mette en lien le pdf ou que je traduise l’interview?

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Concernant l’interview de Castagner pour son 80ème anniversaire à la GdS, voici les pages:



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