C’est intéressant comme remarques, et je me doutais un peu que ça allait appeler des réactions comme ça Je m’explique : dans « gâchis », j’entends un écart énorme et regrettable entre la promesse initiale et ce que la carrière aura donné. Et ce, même si la carrière est finalement bonne voire très bonne, ce n’est pas exclusif avec une déception. C’est mon interprétation personnelle, et c’est ce que m’évoque les joueurs que j’ai cités.
Anelka, c’était vraiment un talent immense, un des plus grands de sa génération. Il était bien parti, rentré gamin à Clairefontaine, formation au PSG, il brille dans toutes les équipes jeunes en EDF, normalement il pouvait rien lui arriver : et puis après c’est le départ trop précoce à Arsenal, puis dans une certaine mesure au Real (20 ans). Et ensuite les embrouilles en club, au Real puis au PSG. Après il y a clairement du mieux en Angleterre, mais sa carrière au haut niveau se termine à 32 ans, ça fait tôt… Et puis y a l’EDF, avec une succession de psychodrames (Santini 2002, Domenech 2006-2010) et de périodes très décevantes, alignées sur le reste de l’équipe (2008). Alors oui, il aura fait de très belles périodes à City et Chelsea, mais il a jamais dû dépasser les 3-4 ans dans un club, alors que ce mec aurait dû, s’il l’avait voulu et fait d’autres choix, devenir la légende d’un club, gagner une Coupe du Monde, etc. Le parallèle avec Henry est quand même douloureux.
Cassano, il était aussi génial avec le ballon que crétin en dehors. Lui aussi a eu une belle carrière (avec la Roma et la Samp en point haut, et globalement sans vrais échecs), @georgesleserpent l’a bien résumée. Mais si je fais le parallèle avec Anelka, il y a ce départ au Real, des passages qui restent courts dans beaucoup de clubs, des piges en fin de carrière… Ça me laisse un sacré goût d’inachevé, quand tu penses au talent brut qu’il avait dans les pieds, il aurait pu et dû devenir une légende dans un club. Et puis là aussi, quels regrets pour la sélection : le Real lui coûte sûrement la Coupe du Monde 2006 ; et dans un autre univers, ses perf à la Samp auraient dû lui permettre de jouer en 2010.
Et puis Berbatov, son début de carrière à Leverkusen et Tottenham, moi ça me laissait imaginer aussi une carrière vraiment au plus haut, et qu’il marque un club, à défaut de pouvoir briller en sélection. Techniquement, il me faisait rêver, il avait quelque chose de spécial face au but, un style, une classe. Niveau talent, je trouve qu’il se posait là. J’ai toujours bien aimé MU, j’adorais Rooney, et ça me faisait kiffer de voir ce duo. Et puis au final ça n’aura duré que 3 ans : 3 belles années, mais je trouve quand même ça frustrant vu le niveau du joueur, qui en 2006 me semblait tellement au-dessus du lot. Et ça finit quand même bien en queue de poisson, un joueur comme ça envoyé en tribunes pour la finale de C1 en 2011, pour mettre Chicharito à la place, ça m’a fait mal au cul.
Adriano, @Flowman l’a très bien décrit, le gars était hallucinant à Parme puis à l’Inter, je pense que le mot « ravager » est très juste. Et au final, il n’a fait que 3-4 saisons au plus haut niveau, avec l’écroulement que l’on sait.
Enfin, clairement, y a du subjectif dans tout ça : dans le cas d’Anelka, c’est des souvenirs d’enfant en France, on parlait quand même pas mal de lui ; Cassano ou Adriano, ça fait écho au moment où j’ai commencé à suivre la Série A en 2004. Berbatov, c’est juste un coup de coeur. Mais ça pour dire que je ne sais pas si j’aurais les mêmes sentiments aujourd’hui face à ces carrières, parce que je raccrochais à ces joueurs une fascination d’enfant/d’ado.