Malheureusement, on apprend pas grand chose sur lui
Vu par Demetrio Albertini
Kala, comme on l’appelait, arriva à Milan grâce à la suggestion de Shevchenko. Ils avaient joué ensemble au Dinamo Kiev, ils étaient devenus très amis et avaient remporté 3 championnats consécutifs. L’arrivée de Kaladze cependant, qui était latéral gauche, a été une arrivée “mineure” par rapport au transfert de Sheva, qui en tant que Bomber était plus populaire. Kala était gaucher, il centrait très bien et était aussi très fort physiquement.
Sur le terrain, c’était un diesel, comme moi, et avait une grande volonté de s’imposer et de gagner sur son espace. Il était toujours très concentré et taciturne, tandis qu’en dehors, il était de bonne compagnie, même s’il avait un peu de difficulté avec la langue.
Au départ, il a dû attendre son moment pour s’insérer dans le module de Zaccheroni qui ne prévoyait pas l’utilisation d’un latéral pur comme lui. Parfois, pour remplacer des blessés, il a pu être déployé au milieu de terrain, à mes côtés. Ce n’était pas son rôle naturel, mais ensemble, nous avons trouvé la bonne synergie, comme ce fut déjà le cas avec Desailly, lui aussi défenseur. Kala était très ouvert au dialogue et en peu de temps, nous avons tout compris. “Deme, comment on fait les décalages ?” (diagonali), me demandait-il quand il avait des doutes. “Tu essaies d’être mon filtre” (tu cerca di farmi da filtro), je lui répondais. “Je m’occupe de prendre le ballon et de construire”
Il était capitaine de sa sélection nationale et était très aimé au pays. Il s’est établi en dehors des frontières nationales et est devenu très populaire. Une popularité qui a perduré. Aujourd’hui, il est maire de Tbilisi, capitale de la Géorgie.
Durant sa présence à Milan, son frère a été enlevé, une affaire extrêmement douloureuse qui l’a beaucoup fait souffrir, et pendant très longtemps. Nous, les joueurs, le club et également les supporters sommes restés très proches de lui et cela l’a aidé. Il a tenu bon et n’a jamais cédé.
Avec l’arrivée d’Ancelotti sur le banc, le module de jeu a changé et Kala est devenu un des protagoniste de la renaissance rossonera.
Il y a un épisode qui me lie encore à lui. J’avais décidé de partir de Milan et j’étais dans le vestiaire pour récupérer mes dernières affaires personnelles de mon casier, des chaussures, des maillots. Il y avait beaucoup de mes coéquipiers et ça parlait de tout et de rien,sauf de mon départ. A un moment, Kala vient s’assoir à côté de moi et à voix basse, pour ne pas être entendu des autres, me fait une demande “Deme, ça t’embêtes si c’est moi qui prend ton numéro 4 ? C’est mon numéro en sélection”. J’ai pris le maillot du sac et je lui ai donné. “Tiens, je suis content que ce soit toi qui l’ait”.