Karl Heinz Schnellinger

Karl Heinz « Volkswagen » Schnellinger, légende des années 60 et qui a une place à part dans l’histoire du Milan et des Italiens.

Extraordinaire défenseur, il est largement reconnu par ses pairs et termine sur le podium du Ballon d’Or 1962 à l’époque où il joue encore à Cologne : en plus de 60 ans, on compte presque sur les doigts de 2 mains les défenseurs ainsi distingués. Extrêmement fort physiquement, il est aussi très souple tactiquement et peut jouer à tous les postes de la défense : au centre, libéro, et sur les côtés.

Il est recruté par la Roma et, pour l’anecdote, se retrouve au milieu d’un imbroglio extraordinaire : la Roma ayant trop d’étrangers, il est prêté à Mantoue avec une obligation d’achat et une clause de contre-achat. Fin 63, il est honoré par la FIFA pour participer à un match Angleterre - Reste du Monde, pour les 100 ans de la FA… mais Mantoue refuse de le laisser y aller ! Schnellinger contourne le problème en envoyant un appel à l’aide à la Roma (tapé à la machine au dos d’une carte de visite). L’autorisation va effectivement venir d’en haut, et il est trop heureux de revenir à la Roma l’année d’après pour « payer sa dette » et s’installer chez les Giallorossi… Qui vont pourtant devoir le céder au Milan l’année suivante, pour un problème de bilan déséquilibré ! Copros foireuses, bilans hors de contrôle et mercati contraints, on se croirait dans les années 90 avant l’heure !

Bref, Schnellinger fait le même trajet que Nesta et pour les mêmes raisons, quasiment 40 ans plus tôt… Pour le même plaisir des rossoneri. Il va rester 9 ans, donc, et gagner un Scudetto (68), une Coupe des Clubs Champions (69), une Coupe Intercontinentale (69), deux Coupes des Coupes (67 et 73), trois Coupes d’Italie (67, 72, 73). Et il était du traumatisme de 73 contre le Fatal Verona.

Schnellinger était extrêmement physique, déterminé, fort dans les duels, mais aussi très propre dans ses interventions : en plus de 300 matches avec le Milan, il n’a pris que deux cartons rouges, « dont un seul était mérité » d’après le principal intéressé. Il s’est imposé à gauche du système hyper solide de Nereo Rocco (un 1-3-2-3-1), avant de glisser comme libero en fin de carrière quand le physique ne suivait plus.

Et puis bien sûr, pendant longtemps, Schnellinger a été synonyme d’Allemand en Série A, le premier, le seul. Extrêmement apprécié, peut-être aussi grâce à l’épopée de 70, et le plus grand match de l’histoire de la Coupe du Monde. 17 juin 1970, Stadio Azteca, 100 000 spectateurs, demi-finale Italie-Allemagne. Un match fermé et haché pendant 90 minutes, où l’Italie mène 1-0 depuis la 8ème minute. Soleil de plomb, la légende dit que Müller a perdu 7 kilos pendant le match : bref, le temps s’étire, et l’Italie pense tenir sa place en finale, lorsque Schnellinger, qui n’a marqué que 3 buts en 334 matches avec le Milan (et aucun en 222 matches de championnat), Schnellinger va marquer le seul but de sa carrière avec la Mannschaft. Prolongations, tout est à refaire, et le match devient fou : 2-1 pour l’Allemagne avec Müller qui se réveille… mais égalisation de Burgnich moins de 10 minutes plus tard, et 3-2 pour l’Italie avec un but de Gigi Riva ! Fini ? Non, l’Allemagne égalise sur un nouveau but de Müller, avec un Rivera passif et fautif sur sa ligne. 3-3 pendant une minute seulement : sur l’action de l’engagement, Gianni Rivera se rachète et marque le 7ème et dernier but du match. Gianni Rivera, humilié par le sélectionneur et la « staffetta » avec Mazzola, devient l’idole du pays… et permet peut-être à Schnellinger de rester « celui qui a presque éliminé l’Italie » et de garder son capital sympathie :


« mi spiace, raga »

Comme Liedholm avant lui, Schnellinger s’est entiché de l’Italie en général et de Milan en particulier, et il n’en est jamais parti (il vit dans la province d’Asti, dans le Piémont). Et il a toujours la même affection pour le Milan, à 81 ans cette année.

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Heureux d’avoir un résumé. Merci Krak’ :heart:
J’ai voté pour lui d’ailleurs, après Maldini.
Le héros de Cologne.

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