Ce ne sont pas que des gouts personnels, mais si ça te plait de croire ça, tant mieux. Quand un film, quel qu’il soit, rend le propos tellement lourd pour faire comprendre son message, c’est soit que le réalisateur n’a pas réussi a le faire passer autrement, soit que le réalisateur craint de ne pas être compris. Donc non, ce n’est pas un gout, c’est un constat.
Quand aux CGI, si tu es fan de ça, grand bien te fasse, mais alors la on a décidément pas la même définition du cinéma. Voir des films exclusivement sur fonds verts qui vont comme souvent vieillir bien plus vite que d’autres, très peu pour moi. L’esthétique est quelque chose d’essentiel, et ce film est au mieux potable. On est loin de la pureté d’un Denis Villeneuve, dont les films de SF sont des bijoux pour les yeux.
Après si par le simple plaisir de la contradiction, tu occultes même les failles d’écriture, notamment les plus grossières (le fameux Martha) car il faut pas critiquer ce film, fais toi plaisir, mais ça ne te rendra pas plus crédible.
Pour ce qui est de la thématique, je vais te répondre puisque à part critiquer et aller dans le jugement tu te focalises sur du « moi j’aime donc c’est super ». Les thématiques sont multiples. Il y a tout d’abord un rapport assez facile avec l’horreur de 2001 et du onze septembre. Le monument associé après l’effondrement de la tour Wayne est un parallèle assez facile, de même que le comportement de BW, dont les traumatismes sont encore liés dans l’inconscient collectif. Je commence par un aspect que j’ai trouvé réussi. Bruce Wayne et Ben Affleck sont cohérents, ce propos est simple mais Snyder n’en fait pas des caisses. Bon point. C’est notamment bien rattrapé avec la version longue dans laquelle cette partie est plus claire, plus précise et dont tout le développement du personnage incarné par Affleck aboutit a un tout compréhensible.
Maintenant passons a la fameuse question de la divinité, incarné par le statut de Superman. Celui la est tellement présent qu’il est difficile de ne pas le voir tant il est écrit de manière peu subtile. On retrouve donc les questionnements associés les plus basiques: la question de la divinité, du mal et du bien à laquelle on retrouve de nombreux points rappelant le propos (la statue, le tableau - et le discours qui est une référence a un film d’ailleurs - , le tag qui est perçu presque comme blasphématoire, la cohue lorsqu’il est touché et vénéré par le peuple, les questionnements politiques qui sont la pour questionner le role de ce surhomme dans la société, sans oublier donc les 58 dialogues énoncés). Snyder aborde de manière trop peu subtile tout ce qui tourne autour du surhomme, de son droit, de ses devoirs (s’il y en a ?) en tant qu’être supérieur. C’est foutraque, c’est presque bourratif et ça mange le reste de son propos, notamment sur toute la partie politique. Car au dela de cette question de la divinité, il y avait un propos qui aurait pu être très intéressant a travers l’aspect politique. Véritable liant regroupant les deux précédents points, il n’arrive pas à être perçu a cause de l’omniprésence de tout ce qui entoure les tourments de son personnage principal (je parle même pas des musiques)
Pour ce qui est du terme chef d’oeuvre, libre à toi de le croire, mais elle ne l’est que via ta propre définition. A partir du moment où dans l’impact cinématographique, ce film n’existe pas (véridique, a part les fans de Snyder, on a déjà tous oublié BvS. La meilleure preuve c’est le trailer de Reeves pour son Batman. On commence a comparer avec qui ? Les Batman de Nolan. Dans l’inconscient collectif, ce film est déjà oublié par la majorité). A partir du moment où ce film n’a pas eu un immense succès et n’a pas bénéficié d’une vague de popularité monumentale après sa version longue (et ça fait 5 ans maintenant). A partir du moment où ce film n’est même pas considéré comme la quintessence du style super héroique, j’ai du mal a parler de ça comme d’un chef d’oeuvre. Potentiellement, il peut l’être si on regarde la très discutable filmographie de Snyder (je préfère Watchmen mais soit) et qu’on parle du « chef d’oeuvre du realisateur », mais au dela de ça, non très peu pour moi. Je saignerais des yeux rien que d’imaginer qu’on puisse le placer au même niveau que des monstres comme la trilogie du parrain, comme les films de Leone ou Tarantino, comme la vie est belle, Citizen Kane, Apocalypse now et j’en oublie des wagons.
Maintenant si toi, parce que tu estimes que la subjectivité permet tout (et même de dire que forcément toi tu as vu ce que les autres n’ont pas vu et/ou que toi tu es dans le vrai et les autres sont des haters et/ou que toi tu repères la subtilité alors que les autres sont des gros niaids ) et qu’a partir du moment où tu le trouves sans défaut, tu le mets à la table des plus grands, grand bien te fasse. Mais on a alors pas la même conception de ce qu’est le septième art. Ce qui rend totalement caduc toute conversation car je continuerais de trouver ça grotesque.
Quand au fait que je me questionne sur ce que tu regardes, ça repose sur un aspect assez simple. Depuis que je suis ici, je ne t’ai vu parler que de ce type de cinéma. Parce que c’est bien beau de rabaisser les autres sans arrêt (je reconnais l’avoir fait aussi dans nos échanges), mais a l’heure actuelle je ne vois qu’un gars qui ne poste que lorsque ça parle de films du genre. Peut être que je me trompe lourdement et auquel cas je serais ravi d’échanger avec toi sur des oeuvres radicalement différentes. Peut être même que nos échanges en seraient plus construits.